Manosque le 6 juin 2021

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Belle journée finalement pour découvrir les hauts de Manosque. Les orages ont décidé de nous laisser tranquilles.
Avant de quitter le verdoyant quartier de la Rochette, nous faisons un détour par

la porte Soubeyran, l'une des quatre portes qui protégeaient la ville autrefois. Porte nord du centre ancien, construite au 14eS, elle a été agrémentée d'un beau campanile en 1830, restaurée et inscrite aux Monuments Historiques. Nous montons vers les contreforts des collines du Luberon, il fait encore relativement frais. La petite route est bordée de spartiers de joncs au jaune flamboyant et odorant. Le groupe se partage, un sentier très pentu tente les uns, les autres préférant le confort de la route. Sur les hauteurs, nous dominons Manosque, le petit chemin sent bon la garrigue, il redescend bientôt et nous rejoignons les copains qui nous attendent patiemment. Plus loin, dans les broussailles, nous découvrons une vieille traction rouillée, vestige très certainement de la Résistance qui a été active ici. Il ne faut pas oublier que Louis Martin-Bret, né à Marseille en 1898, a été chef des Mouvements Unis de la Résistance (MUR) des Alpes de Haute Provence (alors Basses Alpes). Après son engagement à 18ans dans l'armée en 1916 (croix de guerre en 1918), il s'installe à Manosque. Le 16 juillet 1944, il tombe dans un guet-apens organisé par la milice et la gestapo à Oraison. Avec ses onze camarades, il est fusillé à Signes le 18 juillet, jour de ses 46ans. Ils avaient saboté de nombreuses usines vitales pour l'armée allemande (entre autres celle de Gardanne).
Plus loin, la source de Bourne est indiquée. Le sentier descend fortement dans le vallon encaissé. Une odeur forte nous indique que nous sommes arrivés. En effet, les eaux de la source sont sulfureuses. Captée avant 1882, elle fut tantôt privée, tantôt communale. En 1944, elle est raccordée à la canalisation des eaux de la Thomassine. Chaque famille avait une caisse à eau au-dessus de l'évier et on l'économisait, on s'en servait plusieurs fois.
Nous continuons notre route (ou plutôt notre chemin!) dans le riou de Coste Longue, toujours bavardant, toujours papotant, au grand dam de Gilles qui nous arrête subitement... Nous sommes sur la dalle aux empreintes datant de 30 millions d'années en arrière et découverte par un chercheur du CNRS en 2003. Les empreintes sont celles d'un rhinocéros à 3 doigts qui vivait dans une région de grands lacs d'eau saumâtre. La boue a séché, s'est pétrifiée et nous retrouvons aujourd'hui ces traces extraordinaires d'animaux préhistoriques ayant vécu dans notre région. La dalle est classée au patrimoine naturel. Et nous avons les pieds dessus !

Nous mangeons sur le plateau qui domine Manosque, l'herbe est haute et nous avons du mal à trouver notre place à l'ombre. La distanciation est respectée ! Le soleil et la chaleur ont fait fondre le chocolat de mes galettes les rendant « intouchables » !
Et c'est reparti au milieu des spartiers de joncs et les immortelles. Hermès trouve un aiguier pour rafraîchir ses pattes et se désaltérer. Nous arrivons à la mine d'eau de Chateau Briant qui alimentait au 17eS la ferme aujourd'hui disparue. Elle coule encore abondamment. A proximité, la ferme de la Thomassine, maison de la biodiversité possédant jardins et vergers conservatoires. Elle est fermée le dimanche à notre grand regret.
Nous retrouvons la ville, passons au cimetière voir la tombe de Jean Giono né et mort à Manosque (1895-1970). Il y a écrit la plus grande partie de ses œuvres. Il était subjugué par la beauté du Contadour où il se réunissait régulièrement avec quelques amis, la neuvième réunion sera interrompue par la déclaration de guerre. Sa tombe familiale, au pied d'un olivier, est à peine entretenue, et celle de la famille Martin-Bret à l'abandon, le cimetière mériterait un bon coup de nettoyage pour faire honneur à ses illustres personnages...
Merci Gilles pour cette belle rando au fil de l'eau... et de notre histoire.

Le 6 juin 2021
Michelle S

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